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Le vent du large

18 ans pour 1800 kms

Date de réalisation

2023

49'36

Durée 

Première projection avec famille et amis

Événements

Projection au gymnase de Picard

Projection à l'espace 52

Simon Temperli

Mixage audio 

Animations

Elie Meuret

Tournage, montage, musique

Simon Bérard

18 ans. Au gymnase, c'est bientôt la fin des cours. On sent une certaine effervescence : maintenant, c'est le grand monde qui s'ouvre. Un jour, je tombe sur une affiche du "prix des voyages extraordinaires", une banque qui finance des projets hors du commun. Le défi me tente. En quelques soirées, je rêve d'un voyage en vélo en Asie, dans une région qui m'a toujours fasciné. En plein dans mes lectures de Sylvain Tesson, Alexandra David-Néel... L'appel du large, de cette aventure parfaite, idéale, révélatrice. 

Je leur envoie un dossier : un voyage en vélo, un documentaire, un blog. Pourtant, je ne sais pas réparer une chambre à air, je n'ai pas de caméra, et bon... je sais écrire, certes. 

Des semaines après, je reçois un mail de Lombard Odier : le dossier est pris. Il va falloir partir. Stress, appréhension, joie, euphorie pure. Difficile de saisir exactement ce qu'il se passe. 

Enfin, le moment arrive. On me conduit à Genève, l'avion décolle, et soudain je suis seul. Je suis seul aussi, quand je vois les paysages laos se rapprocher, toutes ces routes que j'observe depuis le haut, c'est donc ça que je vais vivre, traverser. C'est fou, j'ai peur. 

La remontée du vélo sous fatigue est intense, je suis terriblement stressé. Je prends un bus pour rejoindre les montagnes du nord, il fait beau. Enfin, mon premier jour : tout se passe à merveille. Je suis tellement confiant que je finis par pousser un peu plus loin que prévu, trop loin même. Je finis dans un camion de pastèques qui grimpe le col avant la nuit. 

La suite du voyage suivra ce ton. Des rencontres folles, des expériences absurdes. Il y a quelque chose de magique à juste se lever le matin, prendre son vélo et ne pas savoir où l'on va dormir le soir, qui on va rencontrer, quels paysages on va traverser. Il y a aussi les moments difficiles, rouler dans la nuit, se faire prendre à part dans des maisons closes étranges, se perdre dans le chaos du nouvel an, souffrir de la chaleur et du vide dans les plains du centre lao...

Mais c'est surtout de la douceur, de l'immobile. Toute la journée, au même rythme que ce va-et-vient répétitif. On a le temps de penser, de décanter cette pensée jusqu'à ce qu'elle n'ait plus aucune substance, on pense beaucoup mais elles nous filent entre les doigts, toutes ces images et ces impressions. 

Lorsque j'arrive à la mer, au sud du Cambodge, je suis déjà terriblement nostalgique. J'ai l'impression que c'est la seule fois de ma vie que je pourrais ressentir cette liberté, cette sorte de confiance en l'avenir et dans les choses. Je sais toute la candeur de cette idée... alors j'ai peur du choc brutal au retour, des obligations, des illusions déchues. 

Mais enfin, comme dirait un breton rencontré dans les plaines, il y aura toujours cet appel au loin, cette possibilité qui existe de faire gonfler les voiles et partir on ne sait trop où, à la recherche de ces mystères au coin des rues, du suspendu, de l'absurde. Ça pique les narines, ça emplit trop fort les poumons, on est rejoint par d'autres qui voient comme nous, et on s'y rend, vers ce bel horizon. Il faut y croire, s'efforcer d'y croire. 

Le vent du large. 

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